Rencontres des Territoires Bio Pilotes à Rennes : un succès !

Chaque année, les membres du réseau se retrouvent pour partager leurs avancées en profitant de visites de terrain, de retours d’expériences et de moments de convivialité. Pour l’édition 2025, ce sont Rennes Ville et Métropole et Collectivité Eau du Bassin Rennais qui accueillaient les rencontres du réseau.

Le réseau des Territoires Bio Pilotes de la FNAB rassemble une trentaine de collectivités engagées dans le développement des filières biologiques sur leur territoire. Exemplaires par leur dynamisme et leur engagement, elles témoignent du rôle majeur que les collectivités ont à jouer pour promouvoir l’agriculture biologique dans de multiples projets : restauration collective, développement des filières agricoles de territoire, protection de la biodiversité et de la ressource en eau, gestion du foncier, atténuation/adaptation face au changement climatique ou encore renouvellement des générations d’agriculteurs.

Chaque année, les membres du réseau se retrouvent sur deux journées pour consolider la dynamique de groupe, mieux se connaître et partager leurs avancées en profitant de visites de terrain, de retours d’expériences et de moments de convivialité.

Les dernière rencontres se sont tenues les 5 et 6 février 2025 sur deux Territoires Bio Pilotes alliés dans la transition agricole et alimentaire : Rennes Métropole et la Collectivité Eau du Bassin Rennais, avec la participation active d’Agrobio 35, le groupement des agriculteurs bio d’Ille-et-Vilaine.

Des messages politiques forts

Yannick Nadesan, conseiller métropolitain délégué à l’agriculture et à l’alimentation à Rennes Métropole, a rappelé la nécessité de repenser notre alimentation en veillant à la fois à la protection de la planète et en intégrant les enjeux de santé publique, et l’intérêt de l’agriculture biologique pour répondre à ces défis.  Aujourd’hui, 50% des installations sur le territoire se font en agriculture biologique et l’action métropolitaine sur le foncier agricole a déjà permis l’installation de plusieurs porteurs de projet en agriculture biologique. La démarche Terres de Sources menée avec Eau du Bassin Rennais depuis de nombreuses années déjà, est un autre axe important de la politique agricole et alimentaire de la métropole. Des actions plus récentes inspirées d’autres territoires bio pilotes sont également mises en place, comme par exemple l’ordonnance verte de Strasbourg qui a été adaptée au contexte local.

La Collectivité Eau du Bassin Rennais assure la production et la distribution d’eau potable. C’est un syndicat mixte composé de 6 intercommunalités dont Rennes Métropole, qui s’étend sur 75 communes. Son président, Michel Demolder, fait état du travail important qu’il reste à conduire pour réduire la pollution par les pesticides, dans un contexte où de plus en plus de métabolites sont analysés et difficiles à traiter. L’objectif est d’agir en préventif, en lien avec les agriculteurs, et cela sans attendre une évolution de la PAC. Pour Michel Demolder, l’agriculture biologique est une agriculture d’avenir et un levier de santé publique.

Arnaud Daligault, agriculteur bio et vice-président d’Agrobio 35, a également pris la parole lors de la séance plénière du 5 février. Il s’est réjoui de cette rencontre qu’il perçoit comme une « bulle » dans un contexte national tendu sur les questions environnementales. Il déplore le focus qui est mis sur le local et les labels moins-disants, notamment en GMS, car cela pénalise fortement les filières bio. Il voudrait que la loi Egalim soit enfin respectée et rappelle le rôle décisif et les nombreuses compétences des collectivités pour agir sur la qualité de l’eau, la biodiversité, la santé et le climat. Ainsi, il les encourage à inscrire des objectifs clairs sur le maintien et le développement de la bio dans leur PAT.

Des actions emblématiques autour de l’agriculture biologique

Sur ce territoire dynamique qui bénéficie d’un tissu économique et associatif très riche, les initiatives foisonnent, avec de beaux exemples de coopérations entre acteurs du territoire et de collaborations public-privé. Lors de la séance plénière du matin, de nombreux intervenants se sont succédés pour présenter quatre actions emblématiques.

La stratégie foncière de Rennes Métropole

En 2023, Rennes Métropole représente environ 38 500 ha de SAU dont 5 959 ha cultivés en agriculture biologique (soit 15,3% de la SAU).  Elle s’est dotée d’une ingénierie dédiée au foncier agricole au sein de son service de la Maîtrise Foncière. Cela a permis de dresser un état des lieux de l’ensemble du foncier en propriété de la métropole et des communes. Les élus ont décidé de contractualiser des baux ruraux à clauses environnementales avec l’ensemble des agriculteurs actuellement sans contrat ou en convention précaire. Les clauses environnementales prévoient l’interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse sur les parcelles propriétés de Rennes Métropoles. Le bail prévoit également un abattement du fermage de 50% par rapport au fermage de référence arrêté par la préfecture. Il s’agit d’un travail inter-service nécessitant de nombreux échanges et négociations avec les agriculteurs et l’ensemble des partenaires agricoles du territoire.

Pages web :

https://metropole.rennes.fr/lagriculture-et-lalimentation

https://metropole.rennes.fr/agriculture-accompagnements-et-aides

C’est Frais de Chez Vous

Un collectif de maraîchers et maraîchères bio a eu la volonté de se structurer pour développer collectivement de nouveaux débouchés en semi-gros. Après une phase d’émergence en 2022 et 2023, le projet est entré en phase opérationnelle au dernier trimestre 2024. Les clientèles cibles sont les magasins spécialisés en bio, la GMS et les points de vente de producteurs.

Concrètement, C’est Frais de Chez Vous s’articule autour d’une plateforme internet unique pour la gestion des commandes. Une fois les commandes passées, les producteurs acheminent leurs produits sur la plateforme logistique du Hub Ethique, qui gère la livraison aux clients sur l’ensemble du département de l’Ille-et-Vilaine.

Cette organisation permet aux producteurs de fixer des prix rémunérateurs, d’ouvrir de nouveaux débouchés sur l’ensemble du département et à moyen-terme, d’organiser la planification des volumes pour la filière.  Pour les clients, cela permet d’avoir accès à une large gamme de fruits & légumes frais, bio, locaux et de saison dans leurs rayons, en colis et calibrés, avec une seule facturation.  

Terres de Sources

Terres de Sources est un dispositif initié sur le Bassin Rennais qui vise à valoriser les productions des fermes s’engageant dans une démarche de progrès pour faire évoluer leur système de production et réduire leur impact sur l’eau, l’air et la biodiversité. Un marché public innovant permet de cibler un territoire géographique précis comme provenance des produits. Deux tiers des fermes Terres de Sources sont aujourd’hui des fermes bio, et plusieurs filières de production développées dans le cadre de la démarche intègrent des agriculteurs bio (sarrasin, blé meunier, légumineuses, légumes, viandes bovines, de porc…).

L’objectif est de développer les productions bio sur le territoire par le développement de nouveaux débouchés. Par exemple, la création de la boulangerie solidaire Pain et Partage grâce à des engagements d’achat de grands donneurs d’ordre (CHU, Crous, lycées, collèges, Ville de Rennes) permet à 15 fermes bio de produire 250 ha de blé contractuellement.

Des paniers bio pour les femmes enceintes

Ce projet expérimental est inspiré de l’initiative strasbourgeoise “Ordonnances Vertes” et prévoit la distribution de panier bio pour les femmes enceintes ainsi que l’organisation d’ateliers de sensibilisation à l’alimentation et à la santé. Aujourd’hui le dispositif est actif dans les quartiers Nord de Rennes. Les paniers sont distribués 2 fois par mois pendant 3, 5 ou 9 mois en fonction du quotient familial. Les bénéficiaires sont identifiés par un réseau des professionnels de santé et par les prescripteurs sociaux. Les financements proviennent de la Ville de Rennes, Rennes Métropole et du pacte des solidarités.  A ce jour, il y a eu 7 distributions pour 48 femmes inscrites, d’un âge moyen de 33 ans.

Le dispositif mobilise plusieurs partenaires : la SCIC Terres de Sources qui gère l’approvisionnement et l’aspect logistique, l’ESAT des Maffrais qui se charge du dégroupage et de la composition des paniers et  l’ESS Cargo, un tiers-lieu situé sur le campus universitaire de Rennes. Les retours sur le dispositif sont bons et la demande est en augmentation.  Un bilan de l’expérimentation sera dressé en septembre 2025. En fonction des conclusions, le dispositif pourra être reconduit.

Des visites de fermes et d’entreprises engagées

L’après-midi du 5 février a été consacrée à des visites sur le terrain et à des interventions de différents acteurs impliqués dans la structuration des filières bio en Ille-et-Vilaine.

La ferme des Petits Chapelais (Chavagne), tout un ecosystème

Le groupe a tout d’abord visité la ferme de Gilles Simonneaux, Les petits Chapelais, située à Chavagne. Gilles Simonneaux s’est installé en 1998 sur la ferme familiale qui comptait alors 100 ha et s’oriente d’emblée vers le bio. Il transforme l’exploitation pour en faire une ferme autonome à plus de 95 %. Les vaches sont nourries avec le foin récolté sur la ferme, de l’herbe, des betteraves et un peu de céréales.

Craignant de se retrouver isolé sur la ferme, et soucieux de retrouver du lien et un intérêt humain au métier, il décide de prendre un nouveau virage en diversifiant les statuts et les activités sur son exploitation. Au début des années 2000, il achète un premier moulin et un four pour faire du pain. Un boulanger s’associe avec lui, rejoint quelques années plus tard par une maraîchère. La fabrication et la vente de pain sur les marchés dans les communes environnantes se développent et permettent rapidement de faire vivre 3 boulangers. Un magasin de produits fermiers est également implanté sur la ferme. « On a couvert les bâtiments de panneaux solaires, monté un petit élevage de porc pour consommer tous les sous-produits de la ferme, expérimenté la transformation laitière…on a commencé à avoir une grande diversité d’activités sur la ferme avec des salariés et des associés ». 

Économiquement, cela fonctionne, d’autant plus que le système s’appuie sur des réseaux complémentaires.  « Le gros intérêt de cette organisation est que chacun est autonome dans son développement. On est chacun des spécialistes, on essaie d’agir positivement les uns avec les autres et on garde les interactions de réseaux, et évidemment on est tous en bio».  Pour Gilles, ce système hybride s’oppose clairement au modèle agricole actuel qui fonctionne en silos déconnectés de leur environnement.  Ainsi, à côté des deux associés et trois salariés sur la production laitière, des deux maraîchères, du gérant du magasin et des sept boulangers de la Scop, l’écosystème social et économique mis en place au « Petit chapelais » ouvre de multiples portes. Elle accueille aussi une association de Low tech dont l’objectif est de se réapproprier tous les savoirs faire dans l’énergie, l’habitat, l’habillement pour plus d’autonomie… sans parler d’un projet de brasserie et d’un café cantine, lieu d’alimentation et d’échange avec les citoyens.

Sur la ferme de Gilles nous ont aussi rejoints Martine VERGER et Michel KERVAREC de la Ferme de la Chuplinais, une autre ferme diversifiée de 66 ha (dont 30 ha en herbe) qui compte un atelier de 1700 poules pondeuses, quelques légumes, des bovins pour valoriser les prairies, des petits fruits et quelques produits transformés (plats, confitures…). Les œufs sont vendus en vente directe et via le réseau Mangerbio35. La ferme est passée en bio en 2021.

La ferme de la Chuplinais s’est engagée dans la labellisation Terres de Sources. Les financements et accompagnements ont permis à la ferme d’amorcer sa conversion vers l’agriculture biologique. Aujourd’hui, la ferme est impliquée dans les filières locales chanvre et sarrasin. Une partie des produits sont également commercialisés via la plateforme de producteurs Manger Bio 35 (cf ci-dessous). 

Martine Verger nous présente le dispositif de parrainage “Maîtrise des pratiques” qui lui a permis de monter en compétence sur l’atelier poule pondeuse grâce aux conseils fournis par un pair exploitant. Ce dispositif animé par Agrobio35, et est en cours de déploiement.

Autre acteur clé, la SCIC Manger Bio a été présentée au groupe par son directeur, Rudy Le Gevellou. Gilles Simonneaux est président de cette structure dont l’objectif principal est de coordonner les plateformes de producteurs bio qui, sur l’ensemble du territoire français, ont pour vocation la livraison des restaurants collectifs en produits bio locaux.

Ces plateformes, telles que Manger Bio 35 sur le département, cherchent à répondre au quotidien à des enjeux et besoins multiples tels que la planification et la sécurisation des volumes avec les producteurs et transformateurs,  la garantie de prix justes pour ces derniers, ou encore la gestion des flux logistiques, la traçabilité des denrées alimentaires, et l’optimisation des relations clients.

LE HUB ETHIQUE Arnaud Michel nous a ensuite présenté Le Hub éthique, une solution logistique proposée aux agriculteurs bio du territoire d’Ille-et-Vilaine pour leur permettre d’optimiser la distribution de leurs produits en proximité, de gagner du temps en s’épargnant des livraisons et de diminuer leurs frais de transport. Actuellement, le Hub éthique travaille avec une cinquantaine de producteurs bio, ainsi qu’avec la plateforme Manger Bio 35 et Trans Farm Earth (voir ci-après).

En fin d’après-midi, Julien Sauvet et Goulven Maréchal ont accueilli le groupe pour une visite de l’atelier Trans Farm Earth. Créé à l’initiative de six maraîchers, Trans Farm Earth est un laboratoire de transformation 100% bio, basé à Pacé (35), spécialisé dans la transformation de produits végétaux.

L’atelier a été lancé en 2023. Il est équipé de matériel professionnel pour effectuer de la découpe, de la préparation et de la conservation pasteurisée ou stérilisée. Un artisan prestataire se charge de réaliser les opérations de transformation pour le compte d’une trentaine de producteurs qui récupèrent ensuite leurs produits pour les commercialiser sur leurs propres canaux de vente. L’atelier confectionne une diversité de produits sur la base de recettes établies avec l’agriculteur : soupes, coulis, ratatouilles, compotes, etc. L’agriculteur peut aussi utiliser lui-même les équipements en se formant au préalable, mais la majorité des fabrications sont assurées par l’artisan car les manipulations nécessitent un réel savoir-faire.

Voir la vidéo de présentation : 

A la découverte de l’entreprise Olga, un acteur majeur du territoire

Le matin du 6 février a été consacré à la visite du site de l’usine Olga qui élabore une large gamme de produits végétaux, des marques Sojade et Sojasun notamment, sur la commune de Châteaubourg. Nous avons reçu un accueil très chaleureux de la part des personnels de l’entreprise et notamment de son Président, Olivier Clanchin.

A retenir sur l’entreprise :

  • Entreprise agroalimentaire familiale depuis 3 générations, Olga (ex Triballat-Noyal) a été fondée en Bretagne en 1951 par Maxime et Olga Triballat
  • 300 millions d’euros de CA
  • 12 ateliers de fabrication, situés majoritairement en Bretagne
  • 1200 collaborateurs
  • Une large gamme de produits, principalement des desserts et boissons à base de laits animaux (vache, brebis, chèvre) et de soja, mais aussi des céréales bio, des produits de santé/nutrition (marque Nutrisun) et des produits à base de chanvre.
  • Principales marques commerciales : Vrai, Sojasun, Sojade, Petit Billy, La Bergerie, Grillon d’Or…
  • 140 tonnes de soja sont consommées chaque semaine sur l’usine de Châteaubourg, dont 50 tonnes en bio
  • Des produits en ultra-frais, UHT ou en sec

Grâce au couloir de visite, nous avons pu découvrir les différentes étapes du processus de fabrication, depuis la réception des matières premières (principalement des graines de soja dans l’usine de Châteaubourg), jusqu’au conditionnement des produits.

L'engagement de la restauration scolaire à Bruz

Les rencontres se sont terminées par un déjeuner préparé par les équipes de restauration de la ville de Bruz. Nous les remercions vivement pour le délicieux repas servi.  Nous remercions également Philippe Salmon, maire de Bruz, Gwenaël Hervé, adjointe éducation, enfance, jeunesse et Jean-Baptiste Chevé, conseiller délégué à la mobilisation pour la transition écologique, qui ont accueilli le groupe. Ils ont présenté l’engagement de longue date de la commune pour un approvisionnement au maximum biologique et local (92% de produits biologiques et 8% durables) avec une labellisation Ecocert « 3 carottes ».

En savoir plus sur la restauration collective municipale de la métropole de Rennes.

Conclusion

Ces rencontres sont à chaque fois l’occasion d’inspirer et de s’inspirer pour la mise en place d’initiatives nouvelles en faveur de la bio sur les territoires. Elles confirment le bien fondé des stratégies présentées au regard des urgences sociales, économiques et environnementales.

Grâce à la diversité des acteurs rencontrés, le séminaire 2025 des Territoires Bio Pilotes a permis de montrer de façon concrète que la transition repose sur une multiplicité d’acteurs dans les territoires et que tous ont un rôle décisifs à jouer : agriculteurs, organisations professionnelles agricoles, associations, élus locaux, entreprises agro-alimentaires, personnels de restauration.. Sans oublier les consommateurs !

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