L’agriculture biologique, une solution crédible pour éviter le cadmium

Le lundi 2 juin 2025, un collectif de médecins libéraux alertait le gouvernement sur l’exposition des français au cadmium, visant notamment les pratiques agricoles conventionnelles de fertilisation. Et l’agriculture biologique dans tout ça ? Décryptage.

Le cadmium est un métal toxique[1] naturellement présent dans notre environnement. Certaines activités humaines peuvent en augmenter la concentration dans les sols, en premier lieu l’agriculture, par l’apport de fertilisants contenant du phosphore. En 2021, Santé Publique France publie une étude sur l’exposition de la population française au cadmium. Les enfants sont particulièrement exposés. En effet, le cadmium contamine les aliments les plus consommés par ces derniers : les céréales du petit déjeuner, le pain, les pâtes et les pommes de terre.

Le règlement bio interdit l’utilisation des phosphate traités chimiquement qui sont largement utilisés en agriculture conventionnelle. Or, ce sont les principaux responsables de l’apport de cadmium dans les sols.

Par ailleurs, le règlement bio impose des limitations de la teneur en cadmium dans les engrais naturels plus drastiques qu’en conventionnel. C’est le cas notamment des phosphates miniers non-traités chimiquement, pour lesquels la limite en cadmium est fixée à 60mg/kg[2] contre 90mg/kg pour le conventionnel, mais également des composts de biodéchets pour lesquels la limite est fixée à 0,7 mg/kg en bio contre 3 mg/kg en conventionnel.

Enfin, dans la pratique, les agriculteurs bio utilisent peu de phosphate minier, préférant les engrais organiques et la rotation des cultures. Une méta analyse de 2014 montre que les aliments bio contiennent statistiquement moins de cadmium que les aliments non bio. Elle pourrait venir de la moindre utilisation de phosphate minier en bio, mais également des autres pratiques culturales propres à l’agriculture bio. En effet, selon Thibault Sterckeman de l’INRAE, « les agriculteurs bio utilisent davantage d’engrais organiques comme les fientes, le compost, qui augmentent la teneur en humus du sol. Or cet humus a la capacité de retenir le cadmium et de le rendre moins absorbable par les racines des plantes.


[1] Le cadmium est reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction. Il entraîne chez l’être humain des atteintes rénales et une fragilité osseuse lors d’une exposition prolongée, notamment par voie orale via l’alimentation et l’eau de boisson.

[2] RUE 2018/848 et NF U 42- 001-1 

 

Article écrit par Félix Lepers, chargé de mission réglementation et politiques publiques (FNAB)

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