Présentez-vous, vos mandats au sein de Mouans-Sartoux, votre "origine professionnelle"
Mon activité professionnelle de professeur des écoles m’a amené dans une école de Mouans-Sartoux en 1988. J’y ai découvert une action municipale engagée pour l’écologie et l’humanisme qui m’a donné envie de m’engager dans cette équipe que j’ai rejointe aux élections municipales de 1995. Je suis adjoint au Maire délégué à l’enfance, à l’éducation à l’alimentation et à la ferme municipale.
Quels sont vos objectifs, vos ambitions en matière de transition agricole et alimentaire sur votre territoire ?
Un accès pour tous à une alimentation bio produite le plus localement possible.
La vision de la commune en politique alimentaire s’est construite suite à la crise de la vache folle mais aussi après de nombreux échanges avec des scientifiques qui ont partagé avec nous les enjeux santé environnementaux de notre alimentation.
Mouans-Sartoux souhaite pour tous un accès à une alimentation BIO produite le plus localement possible associée à un régime alimentaire diminuant de 50% la part de viande et augmentant les protéines végétales. L’objectif est aussi de reprendre le pouvoir de la cuisine à la maison en diminuant fortement les produits ultra transformés. Ce régime alimentaire permettrait à la fois de diminuer fortement l’impact carbone de notre alimentation mais aussi de diminuer le nombre de cas des maladies liées à l’alimentation.
Comment se traduisent ces ambitions dans les documents de politiques publiques (délibérations, textes cadres, divers outils de planification) ?
- Le PLU de 2012 a fait passer les surfaces agricoles de 40 à 112ha en 2012 sur un territoire, la Côte d’Azur, à très forte spéculation foncière.
- Une délibération en 2012 qui propose d’aider financièrement les porteurs de projets à s’installer en agriculture biologique.
- Le Projet Alimentaire Territorial, validé en conseil municipal, s’appuie sur 5 axes de travail : la reconquête agricole ; l’accès physique et social à l’alimentation durable ; l’éducation de tous les publics à l’alimentation durable ; des recherches actions pour évaluer, documenter et innover ; partager notre expérience avec d’autres territoires.
- Le PADD du prochain PLU insiste sur la préservation des terres agricoles et la nécessité de participer à la sécurité alimentaire de notre commune en installant des agriculteurs Bio sur les parcelles préservées dans le PLU .
- En septembre 2024 une délibération innovante pour aider les restaurateurs à découvrir les produits Bio et locaux. Pour 1200€ d’achats de produits bio et locaux (région PACA) une subvention de 800€ est reversée au restaurateur.
Décrivez 3 actions phare/emblématiques que vous portez en faveur du développement de l'agriculture biologique et de la consommation
L’action historique est la cantine 100% Bio et sans surcoût depuis 2012. En diminuant de 80% le gaspillage alimentaire nous avons économisé 20% de nos achats alimentaires. En servant 50% de menus végétariens pour tous les enfants nous économisons 25% du budget alimentation. Ces deux économies importantes sont les leviers du financement de l’alimentation 100% Bio des cantines, tout le monde pourrait le faire !
La deuxième action découle de la cantine 100% Bio et de son approvisionnement. Devant l’origine parfois très lointaine des légumes bio livrés à la cantine par notre grossiste, nous avons cherché à relocaliser cet approvisionnement. L’absence de réponse de maraichers locaux nous a donné l’idée de les produire nous-mêmes en créant en 2011 une régie municipale agricole. Sur le domaine de Haute Combe, sauvé ainsi de l’urbanisation, 3 maraichers salariés de la commune produisent 85% des légumes BIO des 1200 repas préparés chaque jour à la cantine..
La troisième action a souhaité s’orienter vers l’ensemble des 10 500 habitants de la commune. En créant la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable -MEAD- nous accompagnons les habitants à modifier leurs pratiques alimentaires sur le modèle de la cantine. Une étude d’impact sur 5 actions de la MEAD vient d’être menée par des chercheurs. Les résultats sont très encourageants : 71 % des habitants ont modifié leurs pratiques alimentaires suite aux actions de la commune ; En moyenne moins 30% de produits ultra transformés, moins 23% de viande et 28 % des habitants mangent du Bio tous les jours, 2 fois plus que la moyenne française. Ces modifications entrainent une diminution de 26% de l’impact carbone de l’alimentation des mouansois.
71 % des habitants ont modifié leurs pratiques alimentaires suite aux actions de la commune.
Qu'est-ce qui a motivé votre adhésion au réseau des Territoires Bio Pilotes ? Qu'est ce que cela vous apporte ? quelles sont vos attentes ?
Notre conviction que l’alimentation de tous devrait être au maximum Bio nous a rapproché naturellement de la FNAB et du réseau Territoires Bio Pilotes, que nous avons officiellement rejoint en septembre 2024. Cette adhésion est également la suite logique du partenariat de la FNAB dans l’organisation des 1ères rencontres nationales des fermes municipales organisées par Mouans Sartoux et Potagers & compagnie en juin 2024.
Mouans Sartoux croit en la force des réseaux de collectivités pour faire avancer les territoires. Les enjeux de notre agriculture et de notre alimentation demandent l’investissement de tous pour soutenir la résilience agricole et alimentaire et les collectivités sont certainement les acteurs les plus agiles en la matière grâce notamment aux PAT.