Présentez-vous, vos mandats au sein de la Métropole de Montpellier et votre "origine professionnelle"
Je suis Isabelle Touzard, maire de Murviel-lès-Montpellier et vice-présidente de la Métropole de Montpellier en charge de la transition écologique et solidaire. Ma formation initiale est celle d’ingénieure agronome, et j’ai exercé en tant qu’experte en environnement et gestion des ressources naturelles. J’ai également été directrice adjointe de SupAgro devenu l’Institut Agro. Mon engagement se traduit au service du territoire par un volontarisme politique afin de promouvoir le développement durable, la résilience alimentaire et de la lutte face au dérèglement climatique.
Quels sont vos objectifs, vos ambitions en matière de transition agricole et alimentaire sur votre territoire ?
Notre ambition est de bâtir un système alimentaire territorial résilient, solidaire et durable.
Avec le président de la Métropole de Montpellier Michaël Delafosse, notre ambition est de bâtir un système alimentaire territorial résilient, solidaire et durable. Nous voulons renforcer l’autonomie alimentaire de la Métropole en soutenant une agriculture locale, biologique et respectueuse des ressources naturelles. Nous œuvrons aussi pour la souveraineté alimentaire, la préservation des terres agricoles et l’accessibilité à une alimentation saine et de qualité pour tous les habitants.
Comment se traduisent ces ambitions dans les documents de politiques publiques (délibérations, textes cadres, divers outils de planification) ?
Faire de la transition agricole et alimentaire un pilier de notre action publique nécessite une planification ambitieuse et cohérente. C’est pourquoi nous avons inscrit ces enjeux dans plusieurs documents stratégiques majeurs, afin de garantir une transformation durable de notre territoire :
- Le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) : Face à l’urgence climatique, nous avons inscrit l’agriculture et l’alimentation au cœur de notre stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous soutenons activement les circuits courts, la relocalisation de la production alimentaire et le développement d’une alimentation durable, qui sont des leviers essentiels pour diminuer notre empreinte carbone et renforcer notre résilience face aux crises à venir.
- Le Projet Alimentaire Territorial (PAT) : Nous avons fait le choix d’une gouvernance concertée en fédérant l’ensemble des acteurs locaux – agriculteurs, collectivités, entreprises, citoyens – pour structurer une agriculture biologique et de proximité. Ce projet vise à garantir une souveraineté alimentaire à l’échelle de la Métropole, en soutenant la transition vers des pratiques agroécologiques et en facilitant l’accès de tous à une alimentation saine. Pour cela, le PAT mène une stratégie de transformation des paysages alimentaires du territoire, notamment en intégrant un volet alimentation durable (dont le bio) au sein du schéma directeur d’urbanisme commercial.
- Un PLUi au service de l’agriculture et du bien commun : Le foncier est un enjeu politique majeur. L’urbanisation non maîtrisée, poussée par la spéculation et les logiques de rentabilité à court terme, menace chaque jour nos terres agricoles. C’est pourquoi nous avons fait du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) un véritable outil de protection et de valorisation de ces espaces nourriciers. Nous avons inscrit noir sur blanc notre volonté de sanctuariser le foncier agricole, en luttant contre l’étalement urbain et en favorisant l’installation de producteurs engagés dans l’agriculture biologique et paysanne.
Décrivez 3 actions phare/emblématiques que vous portez en faveur du développement de l'agriculture biologique et de la consommation
1. Une agriculture au service de la protection de l’eau, bien commun essentiel
Dans un contexte de stress hydrique croissant, la Métropole de Montpellier prend ses responsabilités en protégeant ses ressources en eau potable. Sur nos captages prioritaires, nous engageons une politique volontariste d’accompagnement des agriculteurs vers l’agriculture biologique, seule à même de garantir une gestion durable des sols et une réduction des pollutions chimiques diffuses. Nous expérimentons des solutions concrètes comme les engrais verts en viticulture et la mise en place d’une filière de compostage des déchets verts pour améliorer la fertilité des sols. Afin de sécuriser cette transition et d’encourager ces pratiques, nous déployons des aides financières, notamment les Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC), qui permettent aux agriculteurs de franchir le cap sans mettre en péril leur exploitation. Nous réfléchissons au déploiement de PSE qui peuvent représenter une solution complémentaire d’accompagnement à la transition.
Nous engageons une politique volontariste d’accompagnement des agriculteurs vers l’agriculture biologique, seule à même de garantir une gestion durable des sols et une réduction des pollutions chimiques diffuses.
2. Faire du bio un levier de souveraineté alimentaire et de justice sociale
L’accès à une alimentation saine et locale ne doit pas être un privilège. C’est un engagement politique fort que nous portons en dépassant les objectifs de la loi EGAlim pour approvisionner nos cantines en bio et local. Nous structurons des filières agricoles durables pour assurer la juste rémunération de nos producteurs tout en garantissant des repas de qualité pour nos enfants. Conscients que la restauration collective est un levier majeur de transition agricole, nous avons également fait évoluer notre Marché d’Intérêt National (MIN) en y intégrant un carreau « Bio et Local », facilitant ainsi l’approvisionnement des professionnels et des acteurs de la restauration en produits issus de notre territoire.
Nous inscrivons l’exigence du bio dans nos baux ruraux, une manière de protéger durablement nos terres nourricières et de créer un modèle agricole résilient.
3. Réaffirmer la vocation agricole de notre territoire face aux pressions foncières
Face à l’urbanisation galopante et à la spéculation sur le foncier, nous faisons le choix politique fort de sanctuariser des terres pour l’agriculture biologique. Nous avons engagé le développement des Associations Foncières Agricoles (AFA) pour mobiliser des terres en friche, qu’elles soient publiques ou privées, et les remettre en culture. De plus, nous inscrivons l’exigence du bio dans nos baux ruraux, garantissant ainsi que le foncier que nous mettons à disposition des agriculteurs soit exclusivement dédié à une production respectueuse de l’environnement. C’est une manière de protéger durablement nos terres nourricières et de créer un modèle agricole résilient face aux crises climatiques et économiques à venir.
Qu'est-ce qui a motivé votre adhésion au réseau des Territoires Bio Pilotes ? Qu'est ce que cela vous apporte ? quelles sont vos attentes ?
Avec près de 40% de notre SAU en Agriculture Biologique, nous avons à cœur de maintenir ces exploitations sur le territoire face aux défis qu’elle va devoir relever (débouchés, climat, renouvellement des générations). Nous avons rejoint ce réseau car il favorise l’échange de bonnes pratiques entre collectivités engagées pour le bio. Ce réseau nous apporte un cadre structurant, des ressources méthodologiques et un accompagnement pour affiner nos stratégies. Il est aussi un moyen de représentation fort pour faire avancer les dossiers nationaux. Nos attentes sont d’accélérer la transition agricole locale et d’influencer les politiques publiques nationales en faveur du bio.