Alimentation et enjeux environnementaux, où en sont les français ?

Quelles sont les contraintes et préoccupations des français·es en termes de transition alimentaire ? La FNAB décrypte pour trois baromètres consommateurs publiés début 2025.

Alors que le système alimentaire mondial n’a jamais nourri autant d’individus sur la planète, il est en même temps l’une des plus grandes sources d’émission gaz à effet de serre (22%) après le transport (30%) et le logement (23%). [i] Depuis plusieurs années maintenant les citoyens entendent qu’ils doivent changer leurs habitudes alimentaires pour atténuer les impacts de leur consommation sur les dérèglements climatiques et sur la dégradation des écosystèmes. Dans le même temps, ils se voient proposer de plus en plus de produits transformés à ultra-transformés et les industriels comme les pouvoirs publics justifient leurs politiques par « la demande ». Mais qu’en pensent vraiment les français·es ? Quelles sont leurs contraintes et préoccupations ? Doivent-ils porter seuls la responsabilité de la transition alimentaire nécessaire face aux enjeux actuels ? 

La FNAB décrypte pour vous trois baromètres consommateurs tout juste publiés : le Baromètre « Les Français, l’agriculture et l’alimentation » Opinion Way pour Calif, la 24ème vague du baromètre « Les représentations sociales du changement climatique » de l’ADEME et le Baromètre « Consommation & perception du bio » de l’Agence Bio.

Le pays de la « bonne bouffe »

L’alimentation apparait comme une composante essentielle du mode de vie à la française pour 92% des français (Opinion Way), 42% estiment que bien manger évoque le plaisir des sens et 30% y voient un moment de convivialité (Agence Bio).

Les français entretiennent d’ailleurs un lien étroit avec l’agriculture française : 87% d’entre eux ont une image positive des agriculteurs, et 85% sont inquiets pour l’avenir de l’agriculture française (Opinion Way). Selon l’Agence Bio, 63% d’entre eux s’inquiètent aussi des effets de l’alimentation sur leur santé (+1pt par rapport à 2023), une inquiétude plus marquée chez les consommateurs réguliers de produits bio (73% pour les consommateurs hebdomadaires et quotidiens de bio et 53% pour les non consommateurs de bio).

On peut lire dans le baromètre de l’ADEME que l’environnement « se situe régulièrement ces dernières années parmi les trois enjeux jugés les plus préoccupants, mais que son rang final demeure soumis à d’autres préoccupations émergentes de nature plus ou moins conjoncturelles (par exemple la question de santé publique dans les années 2020 et 2021 et la hausse des prix en 2022 et 2023). »

Une population en quête d’une alimentation de qualité

Les français semblent s’accorder sur l’intérêt et l’importance de manger bio :

  • 60% déclarent vouloir manger davantage de produits bio (cela monte à 87% quand on regarde les produits bruts, de saison et locaux) (Opinion Way)
  • 67% sont prêts à payer plus cher pour des produits alimentaires à impact positif sur l’agriculture française (préservation des sols et de la biodiversité, réduction des produits phytosanitaires…) (Opinion Way)
  • 74% déclarent que les produits biologiques sont meilleurs pour la santé et 80% pour l’environnement, la qualité des sols et la ressource en eau (Agence Bio)
  • 63% souhaitent voir obligatoire une offre de menu végétarien, bio et/ou de saison dans la restauration collective publique (ADEME)

Alors comment expliquer que le bio ne dépasse pas 6% dans l’assiette des Français ?

La consommation régulière de produits bio stagne : 30% des Français en consomment au moins une fois par semaine, et 54% au moins une fois par mois (Agence Bio), des taux équivalents aux déclarations de 2014.

Le bio, une affaire de riches ?

Pas forcément, selon le dernier baromètre de l’Agence Bio, puisque 9% des plus hauts revenus déclarent consommer des produits bio tous les jours, c’est aussi le cas de 8% des revenus entre 1000 et 1500€ et de 5% des foyers les plus modestes.

Par ailleurs, le ralentissement de l’inflation, après deux années de hausse notamment sur le prix des produits alimentaires, amoindrit la contrainte budgétaire des français : si 39% disent devoir se restreindre pour des raisons financières sur leurs dépenses alimentaires, ce taux est en baisse de 5 points par rapport à l’année précédente. Cependant, les français n’ont pas l’intention de consommer plus de bio dans les prochains mois.

La méconnaissance du label bio ressort comme 2e frein (après le prix), suivie d’un désintérêt comme 3e frein (+6pts chez les non consommateurs de bio).

Malgré des bénéfices santé et environnement largement reconnus, les produits bio et leur cahier des charges souffrent d’une méconnaissance de la part des Français : plus de la moitié d’entre eux pensent que la plupart des produits biologiques vendus en France ne sont pas produits en France (alors que 83% des produits bio consommés en France sont produits en France [ii](hors produits exotiques et/ou non substituable). Une croyance d’autant plus problématique que près des ¾ des français·es pensent que les produits bio étrangers sont moins bien contrôlés que les produits français (dont ¼ qui en sont persuadés).

Un intérêt certain pour les produits bio qui mérite d’être cultivé

Les résultats du 22ème baromètre de l’Agence Bio confirment la stabilisation de la consommation des produits biologiques : 30% des Français consomment du bio au moins une fois par semaine et plus de la moitié d’entre eux (54%) au moins une fois par mois. Mais la méconnaissance sur les garanties du label bio reste néanmoins importante (53%) et apparait comme un levier intéressant à travailler pour inciter les français à mettre plus de bio dans leurs assiettes. C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Agence Bio lance sa nouvelle campagne de communication « C’est Bio la France #AyonsleBioRéflexe ».

 

Par ailleurs, la dernière édition du baromètre de l’ADEME révèle une attente particulièrement forte des Français à l’égard de mesures politiques ambitieuses, à la hauteur des enjeux climatiques. Dans le même temps, nous observons une légère démobilisation à l’échelle individuelle.

Pour les Français, ce sont « les citoyens » qui agissent le plus pour résoudre le problème du changement climatique (23%), l’Etat n’arrivant qu’en quatrième position (15%) alors même qu’il est considéré comme le plus efficace (32%) pour le faire (ADEME).

Selon l’Agence Bio, le bio reste attractif dans les champs pour les agriculteurs avec, en amont, un solde positif de 712 producteurs engagés en bio (+0,8%) en 2024, un équilibre cependant fragile étant donné le contexte économique.

L’ADEME a produit plusieurs scénarios de transition alimentaire et agricole pour répondre à ces attentes des citoyens. Retrouvez leurs conclusions en faveur de l’Agriculture biologique en cliquant ici.

Alors comment agir ?

👉 Mettre des objectifs clairs sur l’agriculture bio dans les PAT

👉 Informer et sensibiliser en finançant des campagnes de communication

👉 Mettre (au moins) 20% de bio dans les restaurants collectifs

[i] https://www.notre-environnement.gouv.fr/actualites/breves/article/notre-alimentation-c-est-combien-de-gaz-a-effet-de-serre-ges

[ii] https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/observatoire-de-la-consommation-bio/

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